« Fashion Polarama » est né du besoin de montrer celles et ceux qui, comme Théophile Parat, se trouvent lors des shootings derrière les écrans, les caméras, les portants, les flashs, les décors ou les mannequins. Il s’agit pour lui de reconstituer, à son échelle, un inventaire de ces personnes rencontrées au fil des shootings, ainsi que des professions qui œuvrent au service de la mode et de son image, bien souvent sans recevoir de crédit.
Sa démarche est également animée par le besoin de prendre du recul vis-à-vis de cet univers ambivalent — à la fois chatoyant, volatil et consumériste — qui fournit à la fois ressources et inspiration à son travail artistique, tout en suscitant en lui, au fil des années, une sensation de dépendance et de « certaine fuite ».
Développer une archive visuelle de ce microcosme, en mettant en avant les participants plutôt que leur création collective, à travers des montages de polaroids émulsionnés sur verre, lui permet d’exprimer cette tension entre estime et contestation. D’une part, il reconnaît cet univers dont il fait partie, au moyen de portraits et de quelques « scènes » de shooting ; d’autre part, il le conteste en créant hors de toute logique productive et marchande, en pratiquant un artisanat photographique à échelle humaine, détourné de l’instantané, produisant lentement des images uniques, fragiles et non reproductibles.
C’est une démarche inspirée par la photographie plasticienne, qui défend l’émerveillement et invite à une réinterprétation du réel.